Je suis une tortue. Une tortue avec une des plus dure carapace de Borée. Et la tortue que je suis ne sors jamais la tête de sa carapace, même pas pour voir la lumière du jour, ou pour se sociabiliser. La vie sociale c’est tellement surfait. Ma carapace ne se perce pas. Ni pour l'amitié, ni pour l'amour. Aucun sentiment ne peut sortir de ma coque. Une coque que je me forge depuis la mort de mon deuxième frère. Depuis, j'ai peur. J'ai peur que la mort vienne me cueillir dans mon sommeil, en pleine journée, ou pire... Dans l'Arena. J'ai peur de l'Arena. L'Arena doit être la chose dont j'ai le plus peur: mes frères y sont mort, et peut-être que je vais y décéder aussi ? Ce serais... La pire des morts. Bien que glorieuse, cela voudrait dire que la plupart des hommes de ma famille y serait mort. Alors que d'autres se tuent à la tâche dans les champs, pour nourrir le peuple. Une mort tranquille, comme j'aimerais l'avoir.

Je suis un looser. Mon père ne me respecte pas, ma mère s'en fous et je suis transparent. Et comme je suis toujours enfermé dans ma carapace, personne ne semble vouloir me voir. Même si il parait que je suis pas mal, les filles ne me regardent pas, ne me remarquent pas. Personne ne veux me remarquer, et pour ceux qui me remarquent, je ne suis que le fils de mon père, je suis le gars qui sert le café, à qui on ne dit même pas merci, qu'on considère comme une merde, comme une diarrhée sortie de ma mère, alors que mes deux autres frères étaient tellement beaux, intelligents et utiles à la vie de ma famille.

Je suis une tortue. Mon frère était un Lion et mon frère un Loup. Deux animaux pouvant de tuer en un coup de crocs, capable d'arracher les membres de leurs victimes. Et moi, la tortue, qui sort du sable avec peine, et qui se fait bouffer par un oiseaux. Sauf que moi, je me suis pas fait bouffer. J'encaisse, je reste stoïque, comme si la carapace n'abritait rien. Je ne rien d'autre qu'une tortue sans avenir.    

Existence, ou ennui. C’est un peu comme ça que se déroule ma vie, en ce moment: j'me fais chier. J'crois même que j'suis au-dessus de tout ça. J'me fais diarrhée. J'me fais chiasse, même, pour continuer dans le champs lexical de la merde. Mais bon, c'est pas très gracieux, c’est même fécal. Et les choses fécales, c'est pas jojo. Mais bref, tout ça pour dire que je me fais chier, et comme un rat mort, franchement. Mes journées, c'est quoi... Dodo, boulot, repos, dodo ? Et puis franchement, c'est pas comme si ma vie avait été un jour un tout petit peu passionnante. Nan, franchement, elle à toujours été très chiante, même avant que mes frères ne meurent dans l'Arena. Même si c'est vrai qu'avant, c'était mieux. Ils m'aimaient bien, EUX. Je n'étais pas qu'un être transparent et inutile, je me sentais aimé. Ouais, aimé, carrément. C'était la seul forme d'amour que je recevais à l'époque. Et jusque maintenant en fait. L'un des deux avait une passion maladive pour les bouquins, il en était amoureux et allait jusqu'à en voler. C'était une passion vraiment dévorante, il devait avoir... Dix ou vingts bouquins ? Quand il ne travaillait pas, il lisait des bouquins, même si il les connaissait par cœur. Et puis un jour, l'Arena. Il a disparu. Mort. Premier à tomber. A sa mort, on était venu prendre ses affaires et donc ses livres. La seul qui restait c'était... Un livre pour enfant. Un livre sur les tortues, avec de belles illustrations bien colorées et trop trop trop mignonnes. Puis vint la mort de mon autre frère. Lui, je n'y était pas autant attaché, mais sa disparition me peina énormément tout de même. Et maintenant, j'ai 19 ans. Et j'ai peur. Peur de l'Arena et de mourir.
Mais il y a bien peu de chance que je soit tiré au sort, non ?